La Terre est une femme qui rêve, en langues oubliées, en larmes salées glissant sur la joue des continents. Elle rêve debout, dans la rumeur des peuples, dans les sédiments accumulés de l’Histoire, dans la révolte têtue des racines. Rêve qui s’enroule sous la peau brûlante des volcans, s’enfouit dans la tendresse minérale du silence, palpite dans le ventre fertile des douleurs que le temps a ensemencées.
 
Ce recueil se présente comme une traversée des blessures anciennes et des guérisons incertaines, des départs sans retour et des retours sans patrie. Huppert Malanda trace un arc tendu entre Lampedusa et Mouyondzi, entre les morts sans sépulture et les semences fragiles de l’avenir. Chaque poème est une offrande à l’espérance, un geste opposé à la nuit.
 
La parole devient une fleur obstinée qui s’élève face à l’oubli, insurrection douce. Le poète remonte vers la matrice foudroyée dans l’écoute du cœur tellurique des terres aimées, qui ne sont ni décor ni toile de fond. Terre-femme, amante, mère, oracle. Elle parle d’une voix ancienne et profonde, celle d’un monde qui saigne encore, mais qui continue de rêver. C’est la mémoire fragile qui persiste, la résurgence d’une beauté perdue, la plus précieuse version de l’hélianthe.
 
MALANDA, Huppert. La Terre est une femme qui rêve. Montréal : Pierre Turcotte Éditeur, Collection Magma Solo, 2025, 31 p.